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Pierre Bellot Lou reinard lou carretier et lou loup


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Le Renard, le Charretier et le Loup de Pierre Bellot

Apologue

 



Un soir, pas loin de la Gineste,

Un vieux renard, la terreur du quartier,

Sur son chemin rencontre un charretier

Chargé de poisson… Il lui passe par la tête

De lui faire un tour de son invention,

Aussitôt dit, aussitôt fait, il se baisse et par dessous une rive

A gauche du chemin,

En cachette, et plus vif qu’un lapin,

Le précède et arrive sur la route ;

Là, il s’étend, fait le mort,

Dans l’espoir de manger le merlu en bourride ;

Je sais bien qu’à sa place, j’aurais été dans la peine,

Pour des poissons risquer ma vie,

Comment dirais-je ? le tour est un peu fort.

 



Il était alors minuit, le lampadaire des lièvres,

Ou bien la Lune, si vous aimez mieux !

Derrière de gros nuages au milieu des ténèbres

De temps en temps pointait son nez.

Epiait,

Se montrait ;

Et l’obscurité protégeait

Le renard qui se préparait

De faire une bonne pêche;

Déjà il le savourait.



Le charretier avec ses rênes,

A la garde de Dieu cheminait,

Et de temps en temps il mêlait

Le claquement de son fouet, au bruit du tombereau,

Qui tout en grinçant, du renard s’approchait :

Il n’était pas encore à 20 pas de lui,

Que son bardot l’oreille droite,

S’arrête net, refuse de marcher

Et malgré tous les jurons du charretier,

Et les coups de fouet,

Au lieu d’avancer il ne bouge pas d’un pas.

Le rustre s’impatiente et maudit son métier !

Las de le frapper, il regarde de toute part,

En se disant : que diantre lui fait peur ?



De loin, il voit quelque chose qui tirait sur le noir au sol ;

Il s’approche en tremblant, et croit voir, peuchère !

Un malheureux couché… sur qui il crie tant qu’il peut :

L’homme réveillez-vous, vous vous enrhumez, compère,

Que dites-vous ? Il ne répond pas ! Il est peut-être mort, qui sait !

Il le tourne avec le pied, quand tout un coup la lune

Au milieu d’un ciel bleu, qui semble tacheté,

Se dégage des nuages, et projette sa clarté

Sur le museau pointu de la bête sauvage.



Le charretier la voit, jette en l’air son chapeau,

En se disant, tonnerre de Dieu, quelle bonne fortune !

C’est un renard, demain je vendrai sa peau.

Il le charge sur son cou, et va au tombereau.

Le renard qui l’entendit, ne soufflait mot;

Mais il disait sous cape, allons quel gros nigaud :

Qui sans l’hôte compte, ami, compte deux fois.



Content comme Pierrot, le charretier en tombe à la renverse,

Allume sa pipe,

Après, d’un coup de fouet régale son cheval,

Qui broutait l’herbe fraîche des bords du chemin,

En avant, marche… Le renard dans la charrette,

Sans écailler le poisson, ni lever les arêtes,

Dévore merlus, roucas, pageots, sardines :

(il n’était pas friand du picarel)

Après s’être gavé, bourré, jusqu’au menton,

Il se dit : ce n’est pas tout d’avoir la panse pleine,

Aujourd’hui ça va bien, mais demain, sûrement je serais en peine;

S’il tombait de la neige ! dans mon terrier,

Tous les jours je jeunerais.

Pour l’éviter, profitons de l’aubaine,

Prenons des poissons, je sais bien que ce n’est pas à moi,

Mais il y en a tant aujourd’hui, qui volent comme moi,

Ministre, directeur, notaire, tout s’en mêle,

Témoin le prêtre qui a pris une maîtresse,

De cela on n’en fait pas de bruit ; si c’était un pauvre bougre,

Qui avait pris un pain, on crierait au coquin !

Mais quand l’homme sacré d’une innocente abuse,

Son crime est étouffé…. Cela m’amuse.

Pour nous autres animaux, il n’y a pas d’enfer,

Si nous cherchons du poisson, nous ne craignons pas Lucifer !

Donc, dépêchons-nous si ; que tant de bavardage !

On perd pas mal de temps. La cloche au village,

(Tambour des feignants), va sonner l’Angélus,

Le jour nous surprendra…. Vite vite aux merlus,

Allons, zou, bon courage !



Aussitôt il se met à l’œuvre et sur le chemin,

Il jette rougets, pageots, soles, merlus, daurades.

En moins d’un clin d’œil la terre est semée

De tout ce que la mer nourrissait de plus fin.

Heureusement personne ne passait,

Quand de piller il en eût son soûl,

Il partit comme un boulet de canon !



Le charretier, qui en marchant sommeillait,

Ce qui jamais ne lui était arrivé,

A peine au sol, l’entendit tomber,

Qu’il ouvrit l’œil, et le vit qu’il courait rapidement,

De colère alors, il jette sa pipe au sol,

Puis lui envoie à la tête tous les maux qu’il connaît,

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Que, l’écho du vallon, attrape de volée et lui renvoie.

Il court après l’animal, mais il n’est pas assez rapide.

De rage il retourne, en disant quelle guigne,

Au voleur ! Au brigand !

(En ramassant son poisson, le renard s’en moquait).



Un loup, de ses amis, que la faim étouffait,

Plus maigre qu’un cheval, qui tire un omnibus,

S’avance en lui disant fait vite, je n’en peux plus,

Depuis plus de 3 jours je n’ai rien mis dans la caisse,

Donne-moi du poisson pour faire une bouillabaisse.

Mon ventre est vide comme une ruche,

Allons, donne- moi des merlus !

Je t’en donnerais volontiers ! mais aujourd’hui mon camarade,

Je suis forcé de te refuser ;

A la maison pour dîner nous sommes une grande famille ;

Je te prie de m’excuser ;

Pourtant, si comme moi tu veux faire bonne pêche,

Cela ne dépend que de toi, tu n’auras pas besoin d’appât.

Tiens, regarde là-bas, ne vois-tu pas un charreton ?

Dépêche-toi, fais vite, il va tourner au coin.

Et bien ! sans être vu de l’homme qui le mène,

Va lui couper la route, après couche-toi au sol,

Fais comme si tu étais mort.

L’homme qui te verra couché sur le chemin,

Va croire que tu es mort, et dans sa voiture,

En croyant t’avoir capturé,

Te mettra. Quand tu seras à l’intérieur,

De soles, de congres, tu rempliras ta bedaine ;

Quand elle sera pleine,

Tu t’échapperas.



Le loup qui n’était pas tendre !

Lui dit : si ce que tu as dit, ce que je viens d’entendre

N’est pas vrai,

Je te mangerais !

C’est un piège que tu veux me tendre !



Oh reprend le renard, comme tu me juges mal !

Moi ! Tu me croirais tant gueux de te faire du mal !

Moi ! qui pour un ami je souffrirai le martyre !

Et bien ! puisque tu ne veux pas te fier à mon dire,

Je vais le jurer sur l’honneur !

L’honneur ! reprend le loup, il a comme la monnaie

Que Marseille frappait, il n’a plus de valeur !

Au temps de Sainte Philomène !

Le loup se fie à cela, il partit comme l’éclair,

Pour arriver plus vite dans un champ de lentilles,

Il traverse et dans l’espoir de croquer le merlan,

Devant le charretier il s’étend sur la route,

Mais notre homme le voit, croit que c’est le renard

Qui vient encore lui rendre visite,

Prend un gros couteau, sur lui se précipite,

Et d’un coup dans le poitrail il l’étend raide mort !

La terre fût toute baignée de son sang.



Voici cher lecteur sa dernière pensée.

A nos jambes, aujourd’hui on ne peut plus se fier,

Tel se dit votre ami cela ne sert qu’à vous tromper !



Avec la ruse et la méchanceté,

Vous vous tirez de partout à l’heure d’aujourd’hui,

Mais si vous n’avez pas tout cela pour appui,

Vous ne pouvez pas vous sortir d’une prison de roseaux !



Texte traduit par Alain Jouot - oustauaj@gmail.com



 



 



 



 



 



 



 


Auteur
Pierre Bellot, Traduction de Alain Jouot - oustauaj@gmail.com
Fichier
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