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Accueil → Monnaies de nécessité de la première guerre mondiale

Conservées par les particuliers ou réquisitionnées par l'État, les monnaies métalliques ne tardèrent pas à manquer durant la première guerre mondiale. Pour faire face à cette disparition qui menaçait de paralyser les échanges quotidiens, des monnaies, dites de nécessité, furent mises en circulation par des commerçants, des municipalités ou des chambres de commerce. De faibles valeurs faciales, ces pièces présentent une grande diversité de types et sont fabriquées dans des matériaux variés : aluminium, laiton, fer ou même carton.

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Billet de Un Franc Région Provençale

Parmi les expériences originales nées de la première guerre mondiale, des monnaies-timbres furent réalisées en insérant un timbre-poste neuf entre une plaque d'aluminium et une plaque de mica transparent. La face d'aluminium de ces monnaies porte une inscription à caractère publicitaire. Le brevet de fabrication (FYP pour "Fallait Y Penser") est daté du 19 mars 1920. La fabrication semble avoir duré trois années environ. Jamais reconnues par l'administration et mises en circulation à l'instigation de firmes privées, les monnaies-timbres constituaient un moyen publicitaire en même temps qu'une monnaie de substitution.

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10 centimes SOCIÉTÉ GÉNÉRALE

Cette idée d'utiliser la monnaie comme support publicitaire a resurgi dans les années 1960 lorsqu'une agence de publicité du sud-ouest de la France créa des autocollants publicitaires destinés à être apposés sur la face des pièces. Cette pratique fut rapidement interdite.

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50 Centimes CHAMBRE DE COMMERCE Coll X. et G.C.

L'utilisation de ces monnaies de substitution se poursuivit après la guerre. Une mention particulière peut-être faite à cet endroit des pièces des Chambres de Commerce et d'Industrie, marquées "bon pour 1 franc" et "bon pour 2 francs" créées en 1921 qui ne furent démonétisées qu'en 1949.

Le franc Poincaré

En 1926, le nouveau gouverneur de la Banque de France, Emile Moreau écrit : "Personne ne veut plus de billets. C'est un sauve-qui-peut général. Il n'y a plus une minute à perdre. Si l'on veut encore sauver le franc, il faut, à bref délai, renverser la situation psychologique du pays".

L'arrivée au ministère des Finances de l'ancien Président du Conseil, Raymond Poincaré, va permettre ce renversement. La contre-attaque s'organise. Un vif débat oppose alors les revalorisateurs, qui veulent un retour au franc d'avant-guerre, aux stabilisateurs, qui jugent un tel retour dangereux pour l'économie. Après 18 mois de bataille interne, la stabilisation l'emporte.

Le 25 juin 1928, le franc Poincaré est officiellement défini à 65,5 milligrammes d'or au titre de 900 millièmes. Comparé au franc germinal la dévaluation approche les 80% : c'est "le franc à quatre sous".
Conséquence de cette réforme, on procède au retrait des monnaies d'or et d'argent. La Semeuse de Roty disparaît ; il faudra attendre le Nouveau Franc pour son retour et la réapparition d'une pièce d'argent dans la circulation.

Sous certains aspects, la monnaie française semble avoir relativement bien traversé la Grande Guerre. Entre 1914 et la fin 1918, le franc a perdu moins de 5% de sa valeur vis-à-vis du dollar et de la livre et les réserves or de la Banque de France se sont accrues d'un milliard de francs. Mais les apparences sont trompeuses. Une forte hausse de prix a érodé le pouvoir d'achat de la monnaie et le pays n'a jamais été aussi lourdement endetté. Dès 1919, la solidarité financière qui s'était établie entre les alliés cesse et il devient clair que la France ne bénéficiera d'aucune remise sur ses dettes de guerre. L'illusion que "l'Allemagne paiera" dispense des sacrifices nécessaires à un assainissement des finances publiques. Mais la mauvaise volonté allemande à payer puis l'effondrement du mark montrent vite la vanité d'un tel espoir.

Les attaques contre le franc se multiplient. Dans la tourmente, l'Union latine est officiellement dissoute le 31 décembre 1926. Même la Banque de France est atteinte, accusée d'avoir triché dans l'établissement de ses bilans pour masquer le dépassement du plafond légal de la circulation monétaire.

Les difficiles années 1930

Le 1er octobre 1936, on décide que le franc peut désormais fluctuer entre 43 et 49 milligrammes d'or, soit une dévaluation de 25 à 34%. Fin juin 1937, un décret-loi supprime la référence à l'or. Le 4 mai 1938 une nouvelle référence est donnée par rapport à la livre sterling, elle-même décrochée de l'or. Six mois plus tard, une définition or est redonnée à 27,5 milligrammes. Avec la "drôle de guerre", la chute se poursuit et le franc ne vaut plus que 23,34 milligrammes d'or au titre de 900 millièmes (soit 21 mg d'or fin) en février 1940.

Le franc Poincaré a vécu. En cinq ans, il a perdu les deux tiers de sa valeur.La stabilisation Poincaré a mis fin aux déboires du franc aux lendemains de la Grande Guerre.La réévaluation de l'encaisse or de la Banque de France permet de liquider le problème de ses avances à l’État. Dans le même temps, un accord est passé pour étaler le remboursement de la dette envers les États-Unis. Les finances publiques sont redevenues excédentaires et la compétitivité de l'industrie française est aidée par une relative sous-évaluation du franc Poincaré.

La France se croit épargnée par la crise qui éclate un certain "jeudi noir" d'octobre 1929. Mais cette force financière retrouvée ne va pas durer.

Face à la crise qui les frappe, les pays, les uns après les autres, en commençant par la Grande -Bretagne, laissent leurs monnaies se déprécier. En 1933, le dollar décroche à sont tour par rapport à l'or. La France, attachée au bloc-or, voit sa monnaie devenir surévaluée et se coupe des reprises mondiales de 1933 et 1936. Les conséquences économiques et sociales de la politique mise en œuvre s'expriment dans la vie politique et, en 1936, le gouvernement de Front Populaire est formé.
La nouvelle politique économique et sociale n'est guère de nature à garantir la stabilité monétaire.

Le franc Poincaré entre dans la tourmente...

Ce n'est qu'en 1933 que des pièces de 5 francs sont à nouveau frappées. Deux modèles sont créés en nickel. L'un, dû au graveur Lucien Bazor, sera retiré en 1937. L'autre, gravé par André Henri Lavrillier, circulera jusqu'en 1966 mais après avoir connu un changement dans sa composition : le nickel des premières monnaies cédera la place à un alliage bronze-aluminium à la veille de la guerre puis à l'aluminium en 1945.

La réforme monétaire de 1928 a entraîné le retrait de la circulation des monnaies d'argent (Semeuse). Il faut attendre 1931 pour voir circuler de nouvelles pièces de 50 centimes, 1 franc et 2 francs, dues au graveur Pierre-Alexandre Morlon. Entre temps, ce sont les monnaies des Chambres de Commerce et d'Industrie, introduites à la fin de la Première Guerre Mondiale, qui sont utilisées pour ces valeurs.
Dans le souvenir des français, les années trente resteront celles des pièces percées. Ces monnaies de faibles valeurs faciales (5, 10 et 25 centimes) ont vu le jour pendant la Première Guerre Mondiale sous le burin du graveur Edmond-Émile Lindauer. Initialement frappées en nickel, elles sont fabriquées dans un alliage de cuivre et nickel durant les dernières années de la guerre, puis en maillechort (alliage de cuivre, zinc et nickel) à partir de 1938 ; durant la Seconde Guerre Mondiale, le zinc remplacera même cet alliage pour la pièce de 10 centimes.

Symboliquement, on décide de la création d'une nouvelle pièce d'or d'une valeur faciale de 100 francs.
Signe physique de la réforme, le poids de cette monnaie, gravée par Lucien Bazor, est proche de celui des anciennes pièces de 20 francs or. Bien qu'elle ait été créée par la loi du 25 juin 1928, cette monnaie ne fut pas frappée en quantité significative avant 1935 et elle fut retirée en septembre 1936 sans avoir jamais été mise en circulation.
Le sort de cette monnaie est sans doute révélateur du destin du franc Poincaré. Avec lui, la situation monétaire de la France est redressée..., mais pas pour longtemps...

Vers une Banque centrale nationalisée

L'année 1936, avec l'avènement du gouvernement de Front Populaire, conduisit à une réforme des statuts de la Banque de France. L'accès à l'Assemblée générale de la banque n'est plus réservé aux seuls deux cents actionnaires les plus importants, les "deux cents familles" souvent vilipendées. Surtout le rôle de cette Assemblée est réduit tandis que les pouvoirs publics se voient dotés de moyens d'intervention plus directs dans la gestion de la Banque.

La réforme de 1936 n'est qu'un prélude à la nationalisation. Celle-ci intervient après la Libération, avec la loi du 2 décembre 1945.
Si les réformes de 1936 et de 1945 ont retiré aux intérêts privés toute part dans la gestion de l'Institut d'émission et renforcé le contrôle de l'État, elles n'ont pas pour autant diminué le rôle du gouverneur vis-à-vis des pouvoirs publics ni réduit l'autonomie de gestion reconnue à la Banque. Selon le mot de Wilfrid Baumgartner, gouverneur de 1949 à 1960, "la Banque de France est une vieille dame et les vieilles dames ne se laissent pas aisément séduire".

On ne trouve guère dans les billets mis en circulation par la Banque de France à cette époque, la trace de la réforme qui l'affecte. Seul est à noter le changement du titre de Caissier Principal en Caissier Général. A ce détail près, les billets créés après 1936 demeurent dans le prolongement direct des productions antérieures dont les types sont parfois anciens, tels le billet de 500 francs bleu et rose type 1888 ou le 100 francs dessiné par L.O. Merson (premier billet polychrome français).
Le premier billet, au dessin totalement nouveau, émis après la réforme (5000 francs "Victoire") est en fait une création de 1934 qui s'inscrit dans le cadre des figures allégoriques qui ornent les billets de la période. Si ce billet présente un caractère novateur, c'est essentiellement sur le plan technique puisqu'il inaugure la pratique de la gravure en taille-douce pour des billets.

En 1973, une réforme des statuts, rendue nécessaire par l'évolution du rôle de la Banque, permettra un assouplissement de la réglementation des opérations, les nouveaux textes posant des principes en laissant au Conseil général de la banque le soin de décider des modalités d'application.
C'est avec la loi du 4 août 1993 qu'un tournant décisif sera pris dans l'histoire de la Banque. Ce texte traduit la volonté de doter l'Institut d'émission d'un statut d'indépendance. Une telle indépendance doit être garante de la continuité et de la permanence de l'action de la politique monétaire, dégagée des préoccupations de court terme. Cette conception a d'ailleurs été retenue dans le processus d'union monétaire européenne. L'indépendance des Banques centrales est une condition juridique inscrite dans le traité de Maastricht. Elle est encore renforcée par la loi du 12 mai 1998 qui adapte le statut de la Banque pour tenir compte de son intégration dans le Système européen de banques centrales.

Les métiers

C'est au cours de la première guerre mondiale qu'apparaissent sur le verso des coupures de faibles valeurs nominales des illustrations exaltant les vertus de la France au travail. Ainsi, le verso du billet de 10 francs à l'effigie de Minerve montre une paysanne pensive, symbole de la France agricole mais aussi hommage aux épouses qui travaillent à l'arrière pendant que les hommes combattent sur le front. Dans les mêmes années, un débardeur illustre le verso du billet de 5 francs et un faucheur celui du billet de 20 francs.


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100 Francs jeune paysan cliché CGB
Cette exaltation des vertus domestiques se retrouve sur les billets émis durant la seconde guerre mondiale. Un jeune berger pyrénéen orne le billet de 5 francs émis en 1943. Un mineur est retenu pour le billet de 10 francs et un pêcheur pour celui de 20 francs. Ces deux derniers billets émis sous l'Etat français allient à l'évocation du travail au recto, celle de la famille au verso à travers la représentation d'une mère avec son enfant.
Le dernier billet français que l'on peut rattacher à la même thématique fut créé en 1945 et mis en circulation en 1947. D'une valeur nominale de 100 francs, il représente au recto un jeune paysan et au verso une famille de marins.

Les monnaies de nécessité et les monnaies-carton

Le 16 août 1914, le ministère des finances toléra la frappe de petites monnaies pour pallier au manque de numéraire de cette époque, et de satisfaire les besoins Peu après le gouvernement autorisa les Chambres de Commerce, les villes, les communes, les associations de commerçants et même certains privée comme les bars, restaurants etc.. à émettre des jetons-monnaies ayant la mention "bon pour" ceci afin ne pas usurper les monnaies émises officiellement par l' Etat Français. La réalité en est loin car ces monnaies ont fait parti de la vie quotidienne des Français comme de vraies monnaies. D'ailleurs la loi du 29 avril 1921 protégea ces monnaies contre le faux monnayage, pour moi, ces monnaies font partie de l’Histoire de la numismatique Française au même titre que les monnaies officielles. Malheureusement, les monnaies de nécessités sont méconnues, car elles sont boudées des collectionneurs. Ils en existent des milliers, de toutes formes et de tous métaux, offrant aux collectionneurs un large choix de thématique de collection.

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  5 centimes monnaie carton


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 15 centimes Tramways de Marseille


Les monnaies-timbre

Les monnaies-timbre, sont avant tout le lien entre la numismatique et la philatélie Utilisées dans de nombreux pays, c' est dans les années 20 qu'en France, ces monnaies ont connues leurs apogées. Surtout avec la firme de Robert Binds-Hedler spécialisée dans le fer blanc à La Plaine Saint Denis qui inventa le fameux F.Y.P. " Fallait . Y . Penser". Les sociétés ont profitée de cette invention pour émettre des milliers de monnaies-timbre publicitaires. On peut en dénombrer à ce jour au moins 600 monnaies-timbre différentes, avec deux grands types de fabrication les monnaies-timbres avec une publicité polychrome ou les estampés. Les valeurs faciales sont généralement de : 5 centimes, 10 centimes, 15 centimes, 25 centimes, avec de nombreuses variétés de couleur. Il en reste peu, ces monnaies-timbre sont très rares, les cotes flambent, si jadis on pouvait trouver il y a 20 ans des monnaies- timbre pour 30.00 ou 50.00 Francs, aujourd'hui c' est entre 50 et 250 euros que vous pouvez très difficilement les trouver.

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 5 centimes CREDIT LYONNAIS