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Extrait d'une série de cartes postales du début du XXe siècle (Artaud, Artaud-Nozais)
Cette série des "Tonnerre de Brest" joue sur le détournement de l’expression brestoise pour illustrer généralement un dieu du Tonnerre déclenchant un orage. La toile de fond est un élément marquant du paysage brestois, ici le pont national, ailleurs, dans d'autres séries, la grande grue électrique, le château, ou bien des marins, ou encore les moyens de transport, la gare, le tramway. Plutôt que de lutter contre les boutades, les Brestois ont choisi de jouer avec elles, parfois d’en tirer profit mais surtout d’en développer une amusante imagerie populaire.
Hugues Courant, Revue Patrimoines brestois n°19, juillet 2013
Mais revenons à nos jurons : "Tonnerre de Brest !" apparaît dans l'album L'étoile mystérieuse, 10e album des Aventures de Tintin, à onze reprises... L'origine de cette expression est très controversée. C'est une expression populaire qui trouve son origine dans un événement climatique exceptionnel qui s'est déroulé en Bretagne en 1718.
Origine climatique liée à l'événement de 1718
Jusqu'aux années 1930, l'origine de l'expression « tonnerre de Brest » ne faisait l'objet d'aucun débat. « Tonnerre de Brest », c'était le souvenir de l'orage exceptionnel qui avait frappé la Bretagne, particulièrement l'ouest de la province, dans la nuit du 14 au 15 avril 1718. Dans l'entre-deux-guerres, de nouvelles explications ont pourtant été proposées pour tenter de trouver d'autres origines à cette expression. Le débat s'est prolongé jusqu'aux années 2010 parmi les historiens brestois qui n'ont jamais pu apporter d'éléments satisfaisants à l'appui de leurs - récentes - hypothèses.
Le mensuel L'Histoire, dans son numéro 458 d'avril 2019, a été la première publication à présenter dans ses colonnes le résultat des recherches effectuées par son collaborateur Bruno Calvès.
Ce dernier a pu confirmer l'origine "climatique" de l'expression après avoir découvert la copie d'une lettre - jusqu'alors inconnue et donc inexploitée - retrouvée dans les archives de l'Académie des sciences: « Sur quelques effets du tonnerre » est une « observation » adressée de Brest par André-François Boureau-Deslandes (1689-1757), jeune commissaire ordinaire de la Marine et membre de l’Académie. Le mercredi 11 janvier 1719, en séance publique, Bernard de Fontenelle fait la lecture intégrale de sa lettre et René-Antoine de Réaumur la consigne dans les mémoires des séances de l’Académie :
La nuit du 14 au 15 avril 1718, nuit du Vendredi Saint, Boureau-Deslandes est à Brest. Il raconte : « sur les 4 heures du matin, il fit trois coups de tonnerre les plus horibles que j’aye jamais entendus. Dans cet espace de la Côte de Brêtagne qui s’étend depuis Conquerneau jusqu’à St. Paul de Leon, on a observé que le tonnerre étoit tombé sur 24 Eglises differentes et à la même heure. » Cinq jours plus tard, Deslandes entreprend son enquête à Gouesnou, village voisin de Brest, dont l’église a été transpercée par la réunion de « 3 globes de feu, chacun 3 piés et demi de diamètre » qui ont occasionné la mort de trois sonneurs de cloches. « Le tonnerre n’est tombé que sur les Eglises où l’on sonnoit des cloches, à dessein de l’écarter, et il a épargné toutes les autres. » L’habitude est en effet de sonner les cloches en cas d’orage. L’explication du philosophe - comme il aime se présenter - est nette : « le son des cloches […] affaiblit la nuë qui renferme le tonnerre, la détermine à s’entr’ouvrir et facilite par là une issuë au tonnerre. »
Origine liée au travail à l'arsenal de Brest
Le « tonnerre de Brest » a souvent été associé au souvenir de la « pétoire » qui rythmait les journées de travail à l’arsenal, du XVIIe au XXe siècle. Installée par Vauban à l’embouchure de la Penfeld au lieu-dit Parc-au-duc devant le château, à l’emplacement actuel de la résidence du préfet maritime de l'Atlantique - une batterie de canons protégeait la ville. Au début du XXe siècle, chaque matin et chaque soir, à une heure qui variait selon les saisons, un quartier-maître secondé de trois matelots faisait tonner dans le ciel brestois un canon de 14 modèle 1831 : c'était le signal de l’ouverture et de la fermeture des portes de l’arsenal, mais aussi un moyen commode de régler sa montre, voire de deviner le temps à venir en regardant la direction prise par l’épaisse fumée ! Le ministre de la Marine Maurise Bokanowski décida en 1924 de mettre un terme à cette tradition jugée inutilement coûteuse. La Marine nationale se dota d’une sirène et économisa ainsi 4500 francs par an.
Trois autres hypothèses ont également leures défenseurs :
Origine liée au bagne de Brest
«Tous sont prévenus par le son du canon qui déchire le ciel de Brest à chaque évasion, si fréquent qu’on a pu le qualifier de « tonnerre de Brest » Frédérique Johannic-Seta, Le bagne de Brest : Naissance d'une institution carcérale au siècle des Lumières
En 1764, l’intendant de la Marine Hocquart et le commandant de la Marine Roquefeuil décident qu’« il sera placé sur le rempart de Brest du côté du Valon qui avoisine le bagne un canon de 24 dont il sera tiré deux coups au moment de l’évasion d’un jusque à quatre forçats et trois coups pour un plus grand nombre d’évadés.» La soixantaine de tentatives d’évasions par an donne lieu à une chasse à l’homme à laquelle se livre la population, prévenue par le canon et encouragée par une jolie prime7. Supprimé pour un temps, le canon est rétabli en l’an V, jusqu’à la fermeture du bagne en 1858.
Les historiens brestois ont longtemps privilégié l'hypothèse du bagne comme origine de l'expression « tonnerre de Brest ». Elle a prévalu jusqu'en 2019, sans qu'aucune preuve crédible ait pu être avancée par ses partisans.
Origine liée au bagne et au château de Brest
Une version fantaisiste a été proposée dans un article de La Dépêche de Brest en date du 14 juin 1935. Son auteur nous apprend que le guide du château de Brest montrait alors aux visiteurs « une grosse pièce que l'on tirait chaque fois qu'un détenu s'évadait du bagne. Ce canon s'appelait le « Tonnerre de Brest ». Ne cherchez pas ailleurs l'origine de ce juron employé par les vieux marins. »
Jadis, on tirait le canon quand une flotte ou un bâtiment prenait la mer : c'était le coup de partance. Les Brestois entendaient donc le « tonnerre de Brest » à cette occasion.
Eléments confortant l'explication "climatique"
L'expression « tonnerre de Brest » n'a jamais eu qu'une seule origine jusqu'aux années précédant la Seconde Guerre mondiale. Des représentations amusantes, notamment diffusées par les cartes postales des premières années du XXe siècle, lient naturellement le « tonnerre de Brest » à l'orage : une sorte de dieu farceur du tonnerre, entouré d'une ribambelle de personnages hilares, tape fortement sur un tambour et fait pleuvoir des cordes sur des Brestois apeurés.
Durant la première moitié du XXe siècle, la presse bretonne associe systématiquement le « tonnerre de Brest » à l'orage, dans le droit fil du souvenir de l'événement climatique de 1718. Elle le fait notamment dans un article de La Dépêche de Brest du 20 février 1931 : « Il y a trois jours, le tonnerre de Brest s'est fait entendre. Si nous remontons assez loin dans l'histoire de la météorologie, nous trouvons cet orage, décrit par Arago, et qui fit grand bruit dans notre région.»
En bonne logique, le « tonnerre de Brest » se réfère au... tonnerre, à l'orage, aux éclairs, au feu du ciel.
Dans sa truculente chanson L’orage, Georges Brassens raconte :
Par un soir de novembre, à cheval sur les toits
Un vrai tonnerre de Brest, avec des cris d'putois
Allumait ses feux d'artifice...
- Author
- Marie-Hélène
- Posted on
- Friday 17 April 2020
- Dimensions
- 788*503
- File
- Tonnerre-de-Brest.jpg
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