48/3844
[ arrêter le diaporama ]

Léon Vérane

Leon-Verane.jpg Le vieil ormeMiniaturesLes 4 cloches de l'EgliseLe vieil ormeMiniaturesLes 4 cloches de l'EgliseLe vieil ormeMiniaturesLes 4 cloches de l'EgliseLe vieil ormeMiniaturesLes 4 cloches de l'Eglise


 


LE DIABLE AU BAR

 

 Pour Albert Decaris

 

Les alcools fleurissaient les verres à facettes

Et le zinc lumineux semblait un reposoir.

Je trouvais au patron une figure honnête,

Un nerf de boeuf était derrière le comptoir.

 

Les flacons arboraient d'étranges étiquettes,

Une fille faisait ses lèvres au miroir,

L'aveugle, sur le seuil, d'une aigre clarinette,

Aggravait à dessein la descente du soir.

 

Des marins qui n'étaient inscrits sur aucun rôle

Troquaient pour un peu d'or de rares perroquets

Ou les singes pelés juchés sur leur épaule,

 

Et les barques s'entre-choquaient le long des quais.

 

Alors au ciel monta la lune lente et plate

Qui fait hurler en choeur les déments et les chiens,

Et le Diable, vêtu d'un chandail écarlate,

 

Pénétra dans le bar et dénombra les siens.

 

Léon Vérane, Extrait de "La fête s'éloigne", Points et contrepoints, Ed. Ariane, 1945