Descente à Maramoye, dimanche 29 septembre 2019
Nous sommes au cœur du massif de Siou Blanc, au milieu des broussailles, des parfums de garrigue et des chants d’oiseaux.
Spartiatement assis sur les rochers, le temps de partager un café-croissants ; papotages, rires, l’ambiance est chaleureuse. Cet enthousiasme permet de cacher le petit stress que certains commencent à ressentir, en regardant juste à leurs pieds l’impressionnant gouffre qui plonge dans le vide : l’Abîme de Maramoye, un aven d’effondrement dans le massif karstique ; 20m de diamètre, 25m de profondeur au premier palier. De là partent trois galeries qui descendent encore à plus de 100m et parcourent presque 1200m de distance dans les entrailles du massif.
10h00 : c’est l’heure ! La récréation est finie… Le groupe de Marie-Hélène s’en va vers le rocher de l’Aigue. Certains se demandent s’ils ne feraient pas mieux de profiter du mouvement pour s’échapper. Les marcheurs sont déjà loin, trop tard !!! Nos guides, Éric, Guillaume et Maxime, nous rassemblent sous les pins pour une petite instruction technique : objectifs, moyens, consignes.
Nous voilà coiffés d’un casque doté d’une lampe à leds, harnachés d’un baudrier coloré sur lequel s’accrochent quelques mousquetons : descendeur, bloqueur, poignée, pédale, etc… À chacun de nos pas, concert de sonnailles ! Nos cœurs battent la chamade. Le stress, le « bon », est à l’œuvre. Un regard inquiet au fond du gouffre… Waouh ! C’est profond, majestueux mais profond !
Question : Et pour remonter, ça se passe comment ?
Réponse : Ça se passe bien !
Ah… nous voilà rassurés, on y va !
Chacun notre tour, accrochés à la potence en inox au-dessus du vide, nous descendons en rappel le long de la paroi abrupte ; frissons, émotions, sensations ! La roche laisse apparaître ses tiraillements :crevasses, fentes, boursoufflures. Le lierre recouvre les parois, quelques arbustes nains, intrépides, poussent dans les failles. Au fil de la descente, la température diminue, l’humidité imprègne nos narines asséchées par le stress. Un p’tit regard vers le bas… Ouh… restons concentrés !
Nous voilà tous arrivés. C’est majestueux, surréaliste. Le sol est recouvert de fougères. Autour de nous, accrochés à la falaise, de véritables jardins suspendus que la rosée illumine créent un décor féérique. C’est une autre planète, magnifique. Sur un énorme rocher, cachés dans une touffe de fougères, trois crapauds nous observent… Des yeux dorés, une peau brune tachetée de noir. Quelle surprenante rencontre !
De cet endroit partent d’autres galeries. Nous évitons celle qui débute par ce que les spéléologues appellent une « boîte aux lettres » ; le nom est parlant. Non, merci, pas de volontaire !
Nos guides nous invitent alors vers une immense faille dans la roche, juste en contrebas. Nous descendons, un peu « à la ramasse », le cône d’éboulis qui nous amène vers un monde inconnu. Quelques glissades plus loin, nous découvrons, émerveillés, l’univers sombre et silencieux du massif de Siou Blanc. Nos frontales balaient les parois d’une immense salle : draperies ocre jaune, coulées rouges, blanches, failles, stalactites, stalagmites. C’est superbe, mystérieux.
Nous poursuivons notre exploration et nous engageons dans une galerie étroite mais très haute. Il fait frais. Sur le sol des milliers d’ailes de papillons de nuit ; festin de chauve-souris ? Dans les recoins, quelques araignées blotties dans leurs toiles nous observent, un peu surprises. Dans cet univers souterrain, malgré l’obscurité et l’humidité, la vie a su s’adapter et s’épanouir discrètement à l’abri des regards. L’inventaire de la faune et de la flore n’est pas à l’ordre du jour, mais je suis sûre qu’il serait surprenant et très original.
Sur le chemin du retour, nous ne traînons pas. Arrivés au pied du cône d’éboulis, à travers la faille géante la lumière jaillit. Ah… la lumière… n’est pas cavernicole qui veut ! Le petit groupe papote, un peu hilare. Profitons de cet instant de détente car il va falloir remonter les 25m à la force des bras et jambes… Aïe !
Explications, consignes, astuces. Nos guides nous rassurent et nous encouragent. Allez hop, action ! « S’élever par l’effort » disaient les Anciens. Une fois sortis du gouffre, une immense satisfaction nous envahit ; c’était superbe, envoûtant, mystérieux. Encore un bon souvenir pour les longues soirées d’hiver…
Merci à Éric, Maxime et Guillaume nos moniteurs diplômés. Avec beaucoup de professionnalisme et surtout de bienveillance, ils nous ont permis de découvrir, en toute sécurité, un monde merveilleux et fascinant.
Cécile Di Costanzo
Topographie des lieux par le CDS83

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